Christian Navis
2009-08-13 16:31:18 UTC
En lisant ce NG, j'ai vu parfois Jo Mc Moneagle cité comme une "preuve"
de l'existence des ondes psy, avec référence à ses expériences,
paraît-il reconnues et couronnées de succès.
C'était d'autant plus étonnant que l'homme en question avait été agent
de la CIA pendant 20 ans, et que l'agence n'a pas pour habitude de
communiquer sur son personnel et de divulguer ses méthodes.
Le simple bon sens donnait à penser qu'il s'agissait d'une entreprise
d'intox des soviétiques, particulièrement réussie, et qui s'arrêta au
début des années 1990, c'est-à-dire à la fin de la guerre froide...
Sinon, pourquoi les USA n'ont-ils pas utilisé ces super pouvoirs
contre leurs autres ennemis ?
Intoxiquer l'ennemi et le démoraliser à l'aide de fausses nouvelles
est une stratégie militaire qui a fait ses preuves.
Ainsi, au début de WW2, les Anglais apprirent qu'un "Haut Comité
du Pendule" venait d'être créé à Berlin.
Obsédés par l'astrologie et les phénomènes paranormaux, Adolf
et ses sbires avaient embauché une pléiade de médiums, voyants,
télépathes, radiesthésistes et autres charlatans pour déterminer
la position des armées alliées et lire dans la tête des généraux
leurs plans de bataille.
Une parade fut organisée par un jeune officier de renseignement, Ian Fleming
qui ne disait pas encore "Mon nom est Bond, James Bond" et n'était
pas non plus abonné à la vodka martini.
Fleming organisa une fuite prétendant que les Brittons avaient à leur
disposition une équipe de surdoués paranormaux capables de détecter
les avions et les sousmarins allemands, dès leur départ d'Allemagne.
Le bluff fonctionna au moins en partie (selon le principe : il faut y croire
pour que ça marche) et la pression nazie sur l'Angleterre se relâcha
un peu, permettant au Royaume Uni de réorganiser et renforcer son
matériel et ses effectifs.
Mais les histoires d'intox les plus extravagantes apparurent dès le
commencement de la guerre froide.
Nina Kulagina, une psy de Petrograd "chouchoute" de Staline (et dont
Spielberg s'est inspiré pour le rôle de la psy russe excentrique et féroce
du dernier Indiana Jones) prétendait arrêter le coeur des ennemis
du régime par la force de sa pensée.
Coucou Nietsnie, il en est où mon maraboutage ? :-)
On apprit ensuite du docteur Milan Rysl, biochimiste passé à l'Ouest
après avoir travaillé dans des labos parapsychiques soviétiques, que
le but de ces travaux était le contrôle absolu de la pensée.
Les dissidents, comme les ennemis de l'extérieur, on les aurait !
Le docteur Nikolai Khokhlov, un agent du KGB passé à l'Ouest
révéla que la centrale soviétique serait en train de mettre au point
des "armes psychotroniques ".
Bien avant la guerre des étoiles de Reagan, les Russes (parfaitement
au courant en haut lieu du délabrement de leur armée, et du peu de fiabilité
de leur matériel) voulaient faire croire qu'ils étaient capables de détruire
en vol avions et missiles, et d'aveugler les radars, uniquement par
les ondes psychiques de sujets spécialement entraînés.
Le Dr Khokhlov affirma même qu'il avait vu, au cours d'une expérience,
un cobaye se faire fracturer la colonne vertébrale par l'énergie psy !
Qu'on y croie ou non, ces informations laissaient planer un doute,
et entretenaient un certain malaise...
Les Etats-Unis n'allaient pas tarder à se lancer à leur tour dans la guerre
des balivernes, qui fait quand même moins de morts que la vraie.
Des fuites habilement orchestrées, et d'autant plus crédibles que
"the government denies knowledge" permirent de savoir que dès
1960, des communications télépathiques permettaient aux sousmarins
nucléaires opérant sous la banquise de communiquer avec leur base...
Tandis que 10 ans plus tard, les astronautes des missions Apollo
s'entretenaient avec le sol grâce aux perceptions extra sensorielles.
Bien sûr, c'était du pipeau, on l'a su par la suite, mais dans le contexte
de l'époque, les Russes commençaient à leur tour à serrer les fesses.
D'autant que ces farceurs de Ricains ne démentaient pas que leurs
ondes maléfiques pourraient être à l'origine des déboires spatiaux
de leurs adversaires.
En 1972, la NASA lança l'étude d'une machine destinée à amplifier
les ondes cérébrales, comme si notre matière grise était un poste
de radio qui n'aurait besoin que d'une antenne améliorée.
Ce projet fut vite abandonné, mais parmi les scientifiques qui avaient été
recrutés, deux physiciens spécialisés dans les lasers et les micro-ondes
(mais pas dans les tourne-broches !) Harold Puthof et Russel Targ
purent poursuivre leurs recherches grâce au financement de la CIA.
Tout en prétendant le contraire urbi et orbi, l'agence leur donnait huit
mois pour finaliser une technique d'espionnage psychique.
Ce fut le projet "Scanate", ancêtre du projet "Stargate" qui plus tard
inspirera bien des films de SF.
Aidés par des analystes dont les prédictions devaient moins aux forces
psy qu'à la compilation de données géopolitiques et économiques croisées
avec les profils des dirigeants, nos savants en électro ménager (grassement
payés et qui devaient bien rigoler) furent incorporés à l'agence, afin de
poursuivre une série de projets tous azimuts.
La plaisanterie cessa quand le gouvernement Carter, furieux de leur
incompétence dans l'affaire des otages américains à Téhéran, leur
coupa les vivres en 1980.
Mais un certain général Edmund Thompson, chef d'état-major adjoint
chargé du renseignement, croyant personnellement à la visualisation
et à l'action à distance continua le projet sous le nom de "Stargate" avec
pour tête de file Joseph Mac Moneagle
Ce type là n'est pas un scientifique de haut niveau.
Né en 1946, sans formation ni diplôme, il s'engage dans l'armée à 18 ans.
Autodidacte (les surdoués parapsys le sont tous ! :-) affecté au service
de renseignement avec un petit grade, il réussit à faire croire à ses
supérieurs qu'il a le pouvoir de détecter les sousmarins soviétiques.
Et, semble-t-il le hasard lui sourit puisque, au moins une fois, ses infos
correspondent à du concret.
Il n'en faut pas plus à la CIA pour le recruter.
Le principal travail de Mc Moneagle aurait été de détecter des espions
du KGB et des agents dormants bien planqués, rien que par
la puissance de sa pensée. Et aussi de visualiser et de loger des bureaux
du KGB dans d'autres pays, opérant sous une couverture commerciale.
Après quoi, les agents de terrain passaient pour le nettoyage.
Dans la mesure où les Russes y croyaient, c'était un bon moyen de
protéger les vrais fournisseurs d'infos, des agents américains, des agents
locaux ou des agents doubles impliqués.
Cerise sur le gateau : à la fin de l'émission "la science face au
paranormal" de Jacques Guérin, diffusée en 2004 sur canal, et reprise
depuis sur d'autres chaînes, alors que son mari se montre dans
des shows télé comme un phénomène de foire, Mme Mac Moneagle,
sans mettre en doute ses merveilleux pouvoirs, observe en rigolant
qu'il n'arrive même pas à retrouver ses clefs de bagnole quand il les égare.
Doit-on en rire ou en pleurer ?
--
http://christian.navis.free.fr/
de l'existence des ondes psy, avec référence à ses expériences,
paraît-il reconnues et couronnées de succès.
C'était d'autant plus étonnant que l'homme en question avait été agent
de la CIA pendant 20 ans, et que l'agence n'a pas pour habitude de
communiquer sur son personnel et de divulguer ses méthodes.
Le simple bon sens donnait à penser qu'il s'agissait d'une entreprise
d'intox des soviétiques, particulièrement réussie, et qui s'arrêta au
début des années 1990, c'est-à-dire à la fin de la guerre froide...
Sinon, pourquoi les USA n'ont-ils pas utilisé ces super pouvoirs
contre leurs autres ennemis ?
Intoxiquer l'ennemi et le démoraliser à l'aide de fausses nouvelles
est une stratégie militaire qui a fait ses preuves.
Ainsi, au début de WW2, les Anglais apprirent qu'un "Haut Comité
du Pendule" venait d'être créé à Berlin.
Obsédés par l'astrologie et les phénomènes paranormaux, Adolf
et ses sbires avaient embauché une pléiade de médiums, voyants,
télépathes, radiesthésistes et autres charlatans pour déterminer
la position des armées alliées et lire dans la tête des généraux
leurs plans de bataille.
Une parade fut organisée par un jeune officier de renseignement, Ian Fleming
qui ne disait pas encore "Mon nom est Bond, James Bond" et n'était
pas non plus abonné à la vodka martini.
Fleming organisa une fuite prétendant que les Brittons avaient à leur
disposition une équipe de surdoués paranormaux capables de détecter
les avions et les sousmarins allemands, dès leur départ d'Allemagne.
Le bluff fonctionna au moins en partie (selon le principe : il faut y croire
pour que ça marche) et la pression nazie sur l'Angleterre se relâcha
un peu, permettant au Royaume Uni de réorganiser et renforcer son
matériel et ses effectifs.
Mais les histoires d'intox les plus extravagantes apparurent dès le
commencement de la guerre froide.
Nina Kulagina, une psy de Petrograd "chouchoute" de Staline (et dont
Spielberg s'est inspiré pour le rôle de la psy russe excentrique et féroce
du dernier Indiana Jones) prétendait arrêter le coeur des ennemis
du régime par la force de sa pensée.
Coucou Nietsnie, il en est où mon maraboutage ? :-)
On apprit ensuite du docteur Milan Rysl, biochimiste passé à l'Ouest
après avoir travaillé dans des labos parapsychiques soviétiques, que
le but de ces travaux était le contrôle absolu de la pensée.
Les dissidents, comme les ennemis de l'extérieur, on les aurait !
Le docteur Nikolai Khokhlov, un agent du KGB passé à l'Ouest
révéla que la centrale soviétique serait en train de mettre au point
des "armes psychotroniques ".
Bien avant la guerre des étoiles de Reagan, les Russes (parfaitement
au courant en haut lieu du délabrement de leur armée, et du peu de fiabilité
de leur matériel) voulaient faire croire qu'ils étaient capables de détruire
en vol avions et missiles, et d'aveugler les radars, uniquement par
les ondes psychiques de sujets spécialement entraînés.
Le Dr Khokhlov affirma même qu'il avait vu, au cours d'une expérience,
un cobaye se faire fracturer la colonne vertébrale par l'énergie psy !
Qu'on y croie ou non, ces informations laissaient planer un doute,
et entretenaient un certain malaise...
Les Etats-Unis n'allaient pas tarder à se lancer à leur tour dans la guerre
des balivernes, qui fait quand même moins de morts que la vraie.
Des fuites habilement orchestrées, et d'autant plus crédibles que
"the government denies knowledge" permirent de savoir que dès
1960, des communications télépathiques permettaient aux sousmarins
nucléaires opérant sous la banquise de communiquer avec leur base...
Tandis que 10 ans plus tard, les astronautes des missions Apollo
s'entretenaient avec le sol grâce aux perceptions extra sensorielles.
Bien sûr, c'était du pipeau, on l'a su par la suite, mais dans le contexte
de l'époque, les Russes commençaient à leur tour à serrer les fesses.
D'autant que ces farceurs de Ricains ne démentaient pas que leurs
ondes maléfiques pourraient être à l'origine des déboires spatiaux
de leurs adversaires.
En 1972, la NASA lança l'étude d'une machine destinée à amplifier
les ondes cérébrales, comme si notre matière grise était un poste
de radio qui n'aurait besoin que d'une antenne améliorée.
Ce projet fut vite abandonné, mais parmi les scientifiques qui avaient été
recrutés, deux physiciens spécialisés dans les lasers et les micro-ondes
(mais pas dans les tourne-broches !) Harold Puthof et Russel Targ
purent poursuivre leurs recherches grâce au financement de la CIA.
Tout en prétendant le contraire urbi et orbi, l'agence leur donnait huit
mois pour finaliser une technique d'espionnage psychique.
Ce fut le projet "Scanate", ancêtre du projet "Stargate" qui plus tard
inspirera bien des films de SF.
Aidés par des analystes dont les prédictions devaient moins aux forces
psy qu'à la compilation de données géopolitiques et économiques croisées
avec les profils des dirigeants, nos savants en électro ménager (grassement
payés et qui devaient bien rigoler) furent incorporés à l'agence, afin de
poursuivre une série de projets tous azimuts.
La plaisanterie cessa quand le gouvernement Carter, furieux de leur
incompétence dans l'affaire des otages américains à Téhéran, leur
coupa les vivres en 1980.
Mais un certain général Edmund Thompson, chef d'état-major adjoint
chargé du renseignement, croyant personnellement à la visualisation
et à l'action à distance continua le projet sous le nom de "Stargate" avec
pour tête de file Joseph Mac Moneagle
Ce type là n'est pas un scientifique de haut niveau.
Né en 1946, sans formation ni diplôme, il s'engage dans l'armée à 18 ans.
Autodidacte (les surdoués parapsys le sont tous ! :-) affecté au service
de renseignement avec un petit grade, il réussit à faire croire à ses
supérieurs qu'il a le pouvoir de détecter les sousmarins soviétiques.
Et, semble-t-il le hasard lui sourit puisque, au moins une fois, ses infos
correspondent à du concret.
Il n'en faut pas plus à la CIA pour le recruter.
Le principal travail de Mc Moneagle aurait été de détecter des espions
du KGB et des agents dormants bien planqués, rien que par
la puissance de sa pensée. Et aussi de visualiser et de loger des bureaux
du KGB dans d'autres pays, opérant sous une couverture commerciale.
Après quoi, les agents de terrain passaient pour le nettoyage.
Dans la mesure où les Russes y croyaient, c'était un bon moyen de
protéger les vrais fournisseurs d'infos, des agents américains, des agents
locaux ou des agents doubles impliqués.
Cerise sur le gateau : à la fin de l'émission "la science face au
paranormal" de Jacques Guérin, diffusée en 2004 sur canal, et reprise
depuis sur d'autres chaînes, alors que son mari se montre dans
des shows télé comme un phénomène de foire, Mme Mac Moneagle,
sans mettre en doute ses merveilleux pouvoirs, observe en rigolant
qu'il n'arrive même pas à retrouver ses clefs de bagnole quand il les égare.
Doit-on en rire ou en pleurer ?
--
http://christian.navis.free.fr/